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Je crée le sujet car je viens de retomber sur ce screen de Summer Wars qui je trouve colle parfaitement (c'est les mêmes cartes que nous !
). Mais je laisse Marco Polo vous en dire plus, c'est lui l'expert.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que ça a l'air compliqué au début mais qu'une fois qu'on s'y met, ça va vite pour prendre le coup et on devient vite accro. ^^
L'Hanafuda est un jeu de cartes traditionnel japonais basé sur la nature et les saisons. Il a donné lieu à de nombreuses formes de jeux et se pratique encore activement aujourd'hui.
L'Hanafuda (花札, littéralement "liasse de fleurs", traduit par "Jeu des Fleurs") désigne un ensemble de 48 petites cartes japonaises servant de base à une grande variété de jeux. A elles toutes elle forment douze familles de quatre cartes chacune – une famille pour chaque mois. Les motifs des cartes Hanafuda s'inspirent librement de la nature japonaise et du rapport qu'entretiennent les Japonais avec cette nature, de telle sorte que l'on retrouve non seulement des éléments comme les fleurs de cerisier ou de prunier, mais également des banderoles de poème, des animaux et des objets, chacun avec leur symbolique propre. Le jeu existe également en Corée sous le nom de Hwata, ainsi qu'à Hawaï ou il est désigné par Sakura ou Higobana.
HistoireLes prémices du "jeu de cartes" au Japon ne sont pas récents, même si à l'époque il ne s'agissait pas de cartes à proprement parler. Durant l'ère Heian, un jeu très en vogue à base de coquillages peints, le kai-awase, consistait à réunir les deux morceaux d'une même coquille afin de reformer une scène du Dit du Genji. Ce jeu, évoquant déjà le principe des paires de l'Hanafuda, était cependant réservé aux membres de l'aristocratie comme simple divertissement.
Les origines de l'Hanafuda tel qu'on le connaît aujourd'hui remontent au XVIe siècle, quand les Portugais introduisirent le jeu de 48 cartes Hombre au Japon. Le mot karuta qui désigne actuellement "carte à jouer" en japonais tient d'ailleurs son origine du mot carta portugais.
L'année 1549 marque ainsi un tournant dans la pratique du jeu, puisque ce loisir réservé à la noblesse s'ouvre aux classes populaires. Si dans un premier temps ces dernières s'y consacrent juste pour le jeu, peu à peu le public se prend d'intérêt pour la pratique portugaise du pari. Le gouvernement, craignant le développement de cette pratique, se met à promulguer des lois pour interdire le "jeu d'enjeux" basé sur les paris.
Le jeu de cartes Hanafuda émergea et se transforma au cours des décennies qui suivirent, et ce malgré les interdictions, mêlant aux cartes européennes un style proprement japonais qui les placent au carrefour de deux civilisations.
En 1886 cependant, le gouvernement Meiji légalisa à nouveau le jeu de cartes à la faveur de la réouverture du Japon sur le monde. L'interdiction, qui perdurait depuis 1633, avait donné lieu au développement de toute une pratique illégale et souterraine gérée par les yakuza, dont l'Hanafuda est encore aujourd'hui le jeu attitré. La mafia japonaise tire d'ailleurs son nom de l'oichokabu, pratiqué à partir d'un jeu de cartes Hanafuda.
L'occasion de voir ce jeu être enfin légalisé fut saisie par un joueur nommé Yamauchi Fusajiro qui profita de cette légalisation pour fonder en 1889 à Kyotô une petite société de production de cartes Hanafuda: la Nintendo Koppai. Le succès est immédiat, et encore aujourd'hui, malgré son élargissement au domaine du jeu vidéo, la société Nintendo continue de commercialiser des cartes Hanafuda.
Encore extrêmement populaire de nos jours, l'Hanafuda se pratique autant en famille, entre amis ou entre yakuza, à l'occasion du Nouvel An.
SymboliqueLes 48 cartes Hanafuda sont divisées en 12 familles, chacune de ces familles étant assimilée à un mois et à une fleur.
-Janvier, le Pin (Matsu, 松)
Image végétale de l'éternité, le Pin reste vert malgré la neige et le froid de l'hiver. Il est présent dans le kadomatsu que l'on compose dans les derniers jours de décembre, où le Pin préfigure avec le bambou, tous deux étant respectivement des symboles de longévité et de santé. Parmi les cartes de janvier, on trouve un autre symbole de longévité, la grue, réputée pour vivre mille an. Elle est au coeur de la tradition du pliage des origami. Le Pin est également l'arbre du divin où les dieux font entendre leur musique, quand le vent souffle entre ses branches.
-Février, le Prunier (Kubai, 紅梅)
Importé de Chine au VIIIe siècle, le Prunier est l'arbre des lettrés et des nobles qui célèbrent à travers de nombreux poèmes le parfum de ses fleurs délicates. Symbole de vaillance et de renouveau, le Prunier fleurit parmi les neiges pour annoncer la venue du printemps, au même titre que le rossignol qui chante dans ses branchages.
-Mars, le Cerisier (Sakura, 桜 )
Emblème du Japon et du printemps, la fleur de cerisier est célébrée par de nombreuses croyances et traditions, dont la plus célèbre est le rite d'hanami consistant à admirer la floraison de cet arbre, des derniers jours de mars jusqu'au début du mois de mai. Il arrive à cette occasion que l'on savoure la beauté des fleurs à l'abri des regards, séparé par un rideau que l'on retrouve ici dans la série des cartes de mars. A l'apogée de leur beauté, la chute des fleurs de cerisier est un miroir des valeurs bouddhiques, ainsi que de l'éthique des samouraïs. Elle est à l'image de l'éphémère, de la beauté de l'instant qui resplendit avant de s'éteindre. Sur le ruban qui orne cette série de cartes, on peut lire l'inscription Miyoshino, qui est l'un des lieux les plus prisés au Japon pour aller admirer les cerisiers en fleurs.
-Avril, la Glycine (Fuji, 藤)
Associé au Coucou, la Glycine est une fleur suave, évoquant le printemps qui s'éloigne. Sa couleur violette est celle des nobles personnages de la cour, telle que la Dame Fujitsubô – "le Clos aux Glycine" – qui apparaît dans le Dit du Genji. La Glycine est la fleur d'une demi saison encore douce, qui n'est pas encore emprisonnée dans la touffeur et l'humidité de l'été ; les poètes disent de son parfum sensuel et apaisant qu'il apporte la connaissance à qui le respire.
-Mai, l'Iris (Kakitsubata, 燕子花)
C'est par excellence une fleur aquatique qui éclot au coeur de la saison des pluies. A l'occasion du Kodomo no Hi, le Jour des Enfants, qui a lieu le 5 mai, on a coutume d'accrocher des iris aux auvents des maisons pour éloigner les mauvais esprits. Les garçons, qui sont à l'honneur ce jour là, sont également coiffés de couronnes tressées avec des iris. Ses longues racines évoquent pour les poètes la profondeur des sentiments.
-Juin, la Pivoine (Botan, 牡丹)
C'est la plus chinoise des fleurs du Japon. En faire offrande symbolise le sentiment amoureux, elle est également signe de bonheur et de prospérité, de telle sorte qu'on la suspend un peu partout pour favoriser la réussite. La Pivoine est souvent associée aux karajishi, les lions de pierre qui gardent l'entrée des temples bouddhiques.
-Juillet, le Lespédèze (Hagi, 萩)
Contrairement aux autres fleurs citées, le Lespédèze semble n'avoir aucun attrait, aucun parfum ni aucune symbolique, et pourtant il est célébré par plus de 130 poèmes du Man'yôshû, ce recueil de l'ère Nara célébrant la nature et les traditions nippones. Il est l'emblème de la fin de l'été japonais. C'est avant tout le vent qui révèle la légèreté de cette plante en en faisant danser les rameaux. Il est associé à la rosée, figure poétique des larmes, ainsi qu'au vent d'automne qui disperse ses fleurs. La douceur du Lespédèze apaise les caractères sauvages tels que celui du sanglier qui se repose entre ses buissons.
-Août, la Miscanthe (Susuki, 薄)
A l'image de l'automne, la Miscanthe est la fleur de la nostalgie et des sagesses oubliées, scintillante comme la pleine lune dont elle est indissociable. Elle invite à la retraite solitaire et à la méditation. Elle évoque la douceur des lumières qui succèdent à l'été. De même que les journées de printemps sont consacrées à hanami, à l'occasion de la quinzième nuit du mois d'août on contemple la lune lors du tsuki-mi. Cette nuit-là, on dispose des miscanthes accompagnées des sept autres herbes de l'automne désignées par le Man'yôshû avant d'admirer la pleine lune en savourant une tasse de saké. Les oies sauvages qui migrent à ce moment là de l'année accompagnent les miscanthes dans la symbolique du mois d'août.
-Septembre, le Chrysanthème (Kiku, 菊)
Si la Miscanthe est à l'image de la lune, le Chrysanthème est la fleur du soleil. Il est le symbole de l'éternité, de l'autorité impériale et de l'éternelle jeunesse. Cette fleur importée de Chine est immédiatement associée aux empereurs qui la cultivent avec soin. La coupe de saké présente sur cette famille de cartes rappelle les nombreuses fêtes célébrées en septembre. Le Chrysanthème blanc quant à lui annonce l'hiver, il est la fleur de la douceur et de la constance.
-Octobre, l'Erable (Momiji, 紅葉)
Les érables sont les cerisiers de l'automne, dont on admire le feuillage à l'occasion du momiji-gari. Mais si le printemps est à l'image d'une forme de mélancolie relatif au caractère éphémère des choses, l'automne, avec son explosion de couleurs en perpétuelle mutation, présente une image plus vivace. L'automne, en plus d'être la saison de la chasse aux érables, est l'époque de la chasse au cerf à laquelle se livraient les seigneurs du Japon ancien.
-Novembre, le Saule (Yanagi, 柳)
Cette série de cartes met en scène le personnage du "Poète", qui n'est autre qu'Ono no Tôfu, le fondateur de la calligraphie japonaise, qu'il libéra des règles chinoises. Le Saule fait ainsi figure d'habileté et de sagesse. On raconte que cet homme, qui avait échoué six fois à un concours de lettrés, vit à l'occasion d'une promenade une grenouille tentant d'attraper une mouche sur la branche d'un saule; elle s'y essaya six fois sans succès, avant d'atteindre son but la septième fois, ce qui redonna du cœur au poète qui retenta le concours et le remporta. En ceci, la carte du Poète fait symbole de l'opiniâtreté récompensée.
-Décembre, le Paulownia (Kiri, 桐)
Etrangement, c'est un arbre de printemps qui vient clore la série de décembre. Pourtant, son emblème est celui du phénix, peut-être en raison de son étonnante résistance au feu. C'est également un autre arbre associé au pouvoir impérial, notamment au pouvoir de l'impératrice; si autrefois l'emblème des empereurs chinois était le dragons, les impératrices elles étaient représentées par le phénix. Aujourd'hui, c'est encore l'emblème du Premier Ministre.
Règles du jeuLe jeu de cartes Hanafuda a donné naissance à un grand nombre de règles, dont nous citerons ici une des plus connues, celle de la forme de jeu dite Koi Koi, à deux joueurs.
Il faut d'abord distinguer la valeur des cartes en fonction des points qu'elles rapportent :
-5 cartes à 20 points : Grue, Rideau, Lune, Poète, Phénix
-9 cartes à 10 points : Rossignol, Coucou, Pont, Papillon, Sanglier, Oies sauvages, Coupe de saké, Cerf, Hirondelle
-10 cartes à 5 points : toute la série des rubans
-24 autres cartes normales à 1 point.
Avant de débuter, on commence par sélectionner l'oya, le meneur du jeu. Pour ce faire, chacun des joueurs tire une carte au hasard, celui qui obtient la carte la plus proche du mois de janvier l'emporte (en cas d'égalité on recommence)
La distribution des cartes se fait en deux temps : l'oya distribue 4 cartes à chaque joueur, puis en pose 4, face visible, au centre de la table. Puis il renouvelle cette action, en donnant à nouveau 4 cartes à chaque joueur et en en disposant 4 face visible au centre de la table. Il pose alors la pioche à côté des 8 cartes visibles. Ces 8 cartes retournées face visible sont appelées le ba.
Chaque joueur examine ses cartes : s'il y a une carte à 20 points dans la main, le score final sera doublé à la fin de la manche ; 2 cartes à 20 points, il sera triplé, etc...
Si 4 cartes d'un même mois se trouvent dans le ba, ou bien s'il y a 4 paires ( 1 paire = 2 cartes du même mois), la manche est annulée et l'oya redistribue les cartes.
Si au joueur a 4 cartes du même mois ou 4 paires, il remporte automatiquement la manche, gagne 6 points, devient l'oya et redistribue les cartes (on mélange et redistribue les cartes à chaque fin de manche)
Pour jouer une manche : chaque joueur met tour à tour une carte en jeu, pour assembler une paire formée par 2 cartes du même mois. S'il y a dans le ba deux cartes du même mois, le joueur doit choisir de former une paire soit avec l'une soit avec l'autre. S'il y a 3 cartes du même mois dans le ba, le joueur les remporte toutes et les places à l'écart à côté de lui. Si aucune carte n'est du même mois que celle qu'il a dans sa main, le joueur choisit une carte parmi celles qu'il a et la pose dans le ba.
Dans tous les cas de figures, après avoir joué, le joueur tire une carte dans la pioche : si celle ci correspond à une carte du ba, il assemble une paire qu'il capture aussitôt ; si celle-ci ne correspond à aucune carte, il la pose dans le ba, et c'est au tour de l'autre joueur de jouer.
Le but du jeu est, comme au mahjong, d'assembler une combinaison particulière de cartes : on appelle cela un yaku. Les points rapportés par les yaku se décomposent comme suit :
-Le Kasu vaut 1 point, il est composé de 10 cartes à un point. Un point est donné en plus pour chaque carte additionnelle.
-Le Tane vaut 1 point. Il revient à posséder 5 cartes à 10 points. Un point est donné en plus pour chaque carte additionnelle.
-Le Tan vaut 1 point. Il faut posséder 5 rubans. Un point est donné en plus pour chaque carte.
-L' Aotan : il faut posséder tous les poèmes bleus. L'Aotan vaut 6 points. Un point est donné en plus pour chaque carte
-L'Akatan : il faut posséder les 3 rubans rouges. L'Akatan 6 points. Idem pour les rubans rouges avec inscriptions. Un point est donné en plus pour chaque carte
-L'Akatan, Aotan no Chôfuku vaut 10 points : il s'agit d'un Aotan doublé d'un Akatan. Un point est donné en plus pour chaque ruban additionnel.
-L'Inoshikachô vaut 5 points. Il est constitué par les cartes du Sanglier, du Papillon et du Cerf. Un point est donné en plus pour chaque animal additionnel.
- Le Tsukimi de Ippai vaut 3 points : il combine la Lune et la Coupe de saké.
-L'Hanami de Ippai vaut 3 points. Il est constitué par le Rideau et la Coupe de saké
-Le Sankô à 6 points : 3 cartes à 20 points à l'exception du Poète
-L'Ameyonkô à 8 points : 4 cartes à 20 points dont celle du Poète
-Le Yonkô à 10 points : 4 cartes à 20 points mais pas celle du Poète
-Le Gokô à 15 points : posséder les 5 cartes à 20 points.
La partie est finie quand un des deux joueurs a accompli un yaku, c'est à dire une des combinaisons ci-dessus. Il peut alors décider de dire « Koi » (on continue), ou bien « Shôbu » (arrêter et compter les points). S'il décide de poursuivre la manche et qu'il fait un nouveau yaku, son score de base sera doublé. S'il relance une 3e fois et gagne, le score final est triplé...
Le perdant, lui, soustrait à son score final le nombre de points qu'a gagné son adversaire.
Après avoir noté les scores, la manche se termine, et l'oya peut redistribuer les cartes. Une partie traditionnelle se joue en 6 ou 12 manches. Pour relancer le jeu si jamais il n'y a plus de cartes dans le ba au cours de la partie, on pioche une carte que l'on pose au centre.
La partie peut être déclarée finie quand l'un des joueurs a assemblé au moins un yaku. On compte alors les points totaux. Les yaku peuvent s'additionner entre eux. Il ne faut alors pas oublier de multiplier les éventuels doubles ou triples dépendants des mains de départ.
Source : Nautiljon.com