Pensées Croisées par Paul G., alia Ryo
Voix 1-Encore une fois la nouvelle me regarde avec admiration, mais elle ne se rend pas compte que tout cette maîtrise que je possède n’est que le fruit d’une trop longue expérience. C’est un cérémonial difficile à appréhender au départ de la réalisation du maquillage, à celui de l’habillage. Tout est tellement codé et défini que je puis maintenant le faire sans m’en rendre compte.
Voix 2 -Quel talent, c’est mon premier jour ici mais… je ne vois pas encore tout le travail qui me reste à accomplir pour arriver à cette dextérité dans le mouvement. Je n’y arriverai sans doute jamais. Je sais bien que ce n’est pas possible mais je ne serai pas surprise que le nœud puisse être fait sans aucune aide. Mais quel regard, quelle froideur. Comme les couleurs de son obebe, qui lui va si bien mais il est si terne, ce qui est normal pour son age. Quel assortiment avec sa tenue, tellement froide mais efficace
Voix 1 -Que je hais ce regard qui se pose moi, ce sourire encore plein d’enthousiasme ! Je ne suis là que parce que je ne sais faire que ça. Je ne suis pas un modèle, juste une personne usée par le temps passé dans cette pièce mal éclairée.
Voix 2 -Je la suis aujourd’hui, nous devons exécuter la cérémonie du thé, bien sûr je la pratique depuis toute jeune mais de là à la réaliser en face de ces messieurs si austères. Ho je me suis trompé, reste neutre ma fille, ils ne se rendront sans doute compte de rien.
Voix 1 -J’aime bien travailler avec ces jeunes, leur maladresse me permet de varier ce travail si répétitif, et réussir à rattraper ces petites gaffes me permet d’improviser de manière à ce que tout aille pour le mieux et que le client soit content, mais d’où vient elle ? On n’embauchait que peu de ce type de « personne » à mon arrivé. Enfin c’est déjà une jeune fille de bonne famille, elle ne vient pas de ces quartiers de plaisir. Pour être digne de cet établissement il faut savoir se tenir droite, même si il ne faut pas avoir froid au yeux, mieux vaut avoir cette pureté qui les différencie des catins.
Voix 2 -Ca y est j’ai fini ma première journée. Le premier jour de trois Kansei, ma mère m’avait dis que cette date serai un symbole positif de recommencement d’une nouvelle vie.
Voix 1-Voilà une journée de fini. Une nouvelle année commence, et je me dis que je suis de moins en moins à ma place en ce lieu. Les gens changent et je sais que notre ère est fini c’est elle la jeunesse, l’avenir. Dois-je lui apprendre tout mon art, où celui ci ne fera que l’empêcher d’avancer, que mon talent ne sera qu’un boulet pour un esprit jeune dans ce monde où, je ne suis plus qu’un vestige. Peut être ce jour serai le bon pour partir.
Voix 2- Voilà l’heure de retirer le obebe, je l’aide à défaire son nœud, et inversement. Il est tellement rare de voir encore une personne comme ça ici, l’illusion est parfaite. Jusqu’au moment fatidique où la perruque tombe au sol. Après un lent retournement, un signe de tête, il quitte la pièce. Le dernier homme de Kyoto à faire ce travail rentre chez lui après une longue journée de travail
Voix 1 : « Adieu »